De Bago au lac Inle
10/05/2014 : Nous arrivons en milieu de journée à Bago, après environ 6h de bus. Le trajet s’est passé sans encombres, mais à notre arrivée il pleut des cordes. Par chance, j’aperçois la pancarte de l’hôtel où nous voulions aller par la fenêtre du bus, nous réussissons donc à nous faire lâcher presque en face, ce qui est bien mieux qu’à la gare routière à 2km de là !
Nous prenons nos quartiers et attendons patiemment que la pluie se calme. Nous en profitons pour réserver nos billets de bus pour aller voir les camps d’éléphants à Taaungo le lendemain, via le réceptionniste. Ca a l’air d’un plan simple, mais ceci s’avérera être plutôt une galère.
Lorsque la pluie s’est enfin un peu calmée, nous partons en moto vers la « pagode du serpent », où réside un boa de 6 mètres. Il est très impressionnant mais malheureusement nous ne pouvons pas l’approcher au delà de la vitre ou du grillage car c’est fermé : pas de chance ! Il paraît que les fidèles viennent lui apporter leurs offrandes, mais bon aujourd’hui il n’y a que nous. Nous ferons ensuite un crochet par la « sunset pagoda », pour y admirer un beau coucher de soleil, toujours sous la pluie :
Attention, récit d’une galère de bus ordinaire, épisode 1 : Le lendemain, 2 motos nous emmènent à l’arrêt de bus, mais il se passe un drôle de mic-mac qui fait que le conducteur chargé de nous indiquer le bus nous fait monter dans le mauvais bus… et ce n’est qu’après 5 à 10 minutes de route, qu’en discutant avec un voisin (un des rares passagers parlant un peu anglais), nous lui expliquons notre direction et il nous apprend que ce bus là n’y va pas. Il sera d’une grande aide, pour expliquer notre mésaventure : le chauffeur du bus nous rend de l’argent (mais ça ne correspond qu’à une partie de la somme versée, dont nous supposons que c’est ce que le moto-taxi lui a remis pour nous emmener, la notion de réservation est donc très surfaite), et nous prenons donc un pick-up pour retourner à l’hôtel réclamer le reste de notre du.
En bas de l’hôtel, revoici notre taxi-moto, qui nous indique qu’il va nous emmener pour le bus de 9h, et que ça ne sert à rien de monter à l’hôtel, le manager n’étant pas là. A raison, nous n’écoutons pas ses boniments et tombons sur… le manager de l’hôtel (que nous n’avions pas encore rencontré). Il nous explique qu’il y a eu une erreur de leur part, liée à un problème de compréhension. On est un peu sceptique mais il semble de bonne foi, nous acceptons donc qu’il nous accompagne lui-même à la gare routière (mais il est toujours accompagné du bonimenteur) pour attraper un prochain bus. Là il nous remet sa carte en nous indiquant de l’appeler s’il y a le moindre problème et nous laisse avec monsieur le pipoteur qui est chargé de nous trouver un bus. Dès que le manager est parti, il commence à nous réclamer l’argent que le chauffeur de bus précédent nous a rendu. Que nenni mon coco, tu auras l’argent quand on aura un bus climatisé (c’est à dire ce pour quoi on a payé) ! Après qu’il nous ai baladés d’un bus à l’autre (qui sont soit complets, soit sans clim), ma patience est à bout : nous insistons donc pour qu’il appelle le manager. Il essaye de changer de sujet 3 fois, mais nous ne lâchons pas. Nous ferons donc revenir le manager pour qu’il nous rembourse. C’est finalement le malhonnête qui sera contraint de nous rembourser. Avant de filer Nous sommes donc enfin débarrassés de lui. Le manager nous explique qu’il est très embêté de cette situation et lui aussi très énervé des erreurs et de la malhonnêteté de l’autre. Il tient à nous trouver une solution. On comprend qu’il en fait un peu une question d’honneur et puis c’est bien utile d’avoir l’aide d’un birman parlant l’anglais. Après un petit tour des agences de voyages, nous conviendrons que la meilleure solution est sans doute de prendre un bus en fin d’après-midi. Il nous conseille également de zapper Taaungo qu’il qualifie de piège à touristes, beaucoup trop cher pour monter à dos d’éléphants. Effectivement en relisant les prix dans notre guide, ça ne nous semble plus une si bonne idée.
Nous convenons donc de retourner avec lui à l’hôtel où il nous propose de nous réserver les billets via une agence sérieuse (c’est à dire pas via Jo l’embrouille comme l’avait fait le réceptionniste). Nos billets sont réservés pour le bus de 18h en direction de Kalaw.
Pour passer l’après-midi, nous nous promènerons à pieds à travers les marchés jusqu’à un monastère où l’on peut assister à la vie des moines. Nous arriverons à l’heure de leur déjeuner. C’est amusant de les voir ainsi tous rassemblés, certains chantant avec ferveur, d’autres marmonnant du bout des lèvres, d’autres encore (les plus jeunes) en train de discuter. Certains fidèles les inondent d’offrandes (gâteaux, sucreries, stylos, …) et iront même jusqu’à ramper entre leurs tables pour faire leurs dons !
Sur le chemin du retour, nous repassons par les marchés prendre un grand bain de sourires (ça fait oublier l’odeur du poisson séché), et quelques photos des étales :
J’accroche les fleurs que m’a donné le manager de l’hôtel dans mes cheveux, ce qui semble ravir toutes les femmes que l’on croise au marché : c’est bon, je suis un peu comme elles ! Quand des gestes aussi simples peuvent générer autant de bonne humeur, il ne faut surtout pas s’en priver !
De retour à l’hôtel, nous nous reposons et prenons une douche bienfaisante avant d’aller prendre notre bus.
récit d’une galère de bus ordinaire, épisode 2 :
Nous montons dans notre bus, qui est bien climatisé, et où nos sièges correspondent effectivement à ceux réservés. Le manager de l’hôtel précise bien au chauffeur que nous nous arrêtons à Kalaw (le bus continuera ensuite jusqu’au lac Inle). Nous nous installons donc, enfin confiants, et essayons de dormir malgré l’étroitesse des sièges. Vers 5h30 du matin, après plusieurs arrêt on se dit que c’est plus long que prévu et redemandons donc à quelle distance nous sommes de Kalaw. Là, perplexité générale et nous entendons le chauffeur et le contrôleur parler entre eux et répéter plusieurs fois « Kalaw ». On ne comprend rien de ce qu’ils disent, mais au ton on comprend bien qu’il y a un problème. C’est un des passants de la bourgade où nous sommes arrêtés qui montera dans le bus nous expliquer que nous avons dépassé Kalaw depuis un moment et qu’il nous faut descendre et prendre un bus dans l’autre sens. On cherche la caméra cachée mais malheureusement il n’y en a pas… la blague nous fait moyennement rire, surtout quand le mec nous explique que le chauffeur a dit qu’il s’était arrêté à Kalaw pour déposer d’autres gens mais que nous dormions. J’essaye de lui expliquer que, dormir, c’est souvent ce que les gens font dans les bus de nuit, et que s’il l’a remarqué, il aurait aussi bien pu nous réveiller, sans compter que même éveillés, on voit mal comment on aurait pu deviner qu’on était à Kalaw s’il ne nous le dit pas puisqu’il fait nuit et que les panneaux sont dans un alphabet que nous ne savons pas lire. Bref, de toutes façons le mal est fait. Nous prendrons donc un pick-up dans le sens inverse, pour 5$ de plus, après qu’on ait tenté de nous refourguer un taxi pour le même prix que notre billet de bus ! Le trajet en pick-up est assez épique puisqu’il s’arrête tous les 5 kilomètres (il nous en reste 50 à parcourir : youhou!) pour charger des gens, des poulets, des bagages, des patates, etc. Il y a des gens sur le toit et des sacs de patates à l’intérieur (oui, oui, dans cet ordre là). On ne comprend pas tout de ce manège, mais on prend notre mal en patience en redemandant régulièrement si par hasard on ne serait pas à Kalaw là ! Bref, il est 7h30, et nous voilà enfin arrivés !
Kalaw :
La ville est plutôt mignonne, en basse montagne. Il fait plus frais, il y a une belle lumière et un beau paysage, on se trouve un hôtel qui ressemble à un petit chalet de montagne : que demander de plus !
Une douche et ça repart ! Nous partons à la recherche d’un guide pour faire une randonnées de 3 jours jusqu’au lac Inle c’est à dire presque là où le bus nous a lâchés le matin : ironique, non ?
Dans son restaurant, nous rencontrons « oncle Sam », qui gère une agence de guides et organise des treks depuis 25 ans. Il nous décrit si bien les différents circuits possibles qu’on a envie de tous les faire.
Nous opterons finalement pour le trajet le plus long, même s’il nous a bien précisé qu’il y avait de nombreux passages en plein soleil, ce qui effraye un peu Alexis. Moi, pas trop, il a parlé de plantations de thé, d’un lac et de beaux paysages, alors le reste…
Pour nous échauffer un peu avant le trek du lendemain, nous allons nous balader dans les environs de Kalaw, armés d’un plan très approximatif sur lequel nous avons repéré des temples construits dans des grottes : ce sera donc le but de la promenade. Sauf que bien sûr on se perd ! On demande notre chemin dans un restaurant complètement paumé. La femme nous fait asseoir et appelle son fils. Il nous sert d’office un verre chacun du vin qu’il produit (un vin de prune) et nous explique que les glaçons sont des grêlons énormes qu’ils ont ramassés lors d’un orage de grêle il y a quelques jours. Il est très gentil, et nous nous forçons donc à siroter le vin qui est très sucré mais a quand même vraiment un goût de vinaigre. Il nous dessinera même un plan, qui ne nous sera pas plus utile que le précédent…
Bref, après moult détours et sûrement un début d’ulcère à l’estomac, nous trouvons la pagode, après environ 2h de marche au lieu de 45 minutes !
A l’intérieur de la pagode, on est effectivement dans une grotte, avec des centaines de statues de Bouddha un peu partout, c’est très original !
Nous prenons donc le frais dans les nombreux petits couloirs souterrains, avant de repartir vers notre hôtel, par là bonne route cette fois !
13/05/2014 :
Départ à 8h pour la rando : on laisse nos gros sacs qui seront acheminés directement à notre hôtel d’arrivée, et on part donc presque légers (on se demande encore pourquoi on a pris une polaire, une cape de pluie, une veste gore-tex et mes bâtons de marche…). Nous rencontrons notre guide (Kyaw Min), notre cuisinier (Sun Win), et le couple d’américains qui fera le trek avec nous (Alicia et Emerson).
La montée vers le point de vue, au dessus du lac se fait sans problème, malgré la chaleur. Heureusement nous découvrons sur le chemin les « yellow berries » un genre de petites framboises, jaunes, délicieuses ! Nous nous jetons sur tous les arbustes que nous croisons tels une nuée de sauterelles !
Nous traversons ensuite une forêt de pins dont l’ombre est bien appréciable, puis les plantations de thé (beaucoup moins denses qu’au Sri Lanka!). Nous déjeunons dans le restaurant indien qui occupe le point de vue ! On s’amuse bien à courir après les poussins et les poules qui viennent picorer dans nos pieds. La vue est très belle et on apprécie bien cette pause.
Nous repartons pour 3h30 de marche plutôt sympa, (mettons de côté l’heure de marche le long de la voie ferrée car la traversée des villages avec les paysans affairés dans leurs champs était vraiment pittoresque), jusqu’à l’arrivée au village de Taung Lar où se tiennent des festivités en lien avec la pleine lune marquant le début de la saison des pluies. En arrivant sur les hauteurs du village nous voyons plein de drapeaux blancs disséminés aux alentours : il s’agit des marquages pour le concours de fusées. Notre guide nous apprend que les participants payent environ 150 dollars, mais que le gagnant empoche un prix d’environ 10000 dollars ! Pour gagner il faut être celui qui aura envoyé la fusée la plus lointaine. Nous croisons le pré-posé aux drapeaux, et Kyaw-Min nous raconte que l’année dernière, celui-ci avait bu tout l’après-midi en attendant l’arrivée des fusées et avait fini par s’endormir et ne pas les voir passer ! On imagine le scandale !
Nous arrivons à la maison de la famille qui nous héberge pour la nuit. Là on observe la douche en extérieur, avec vaguement un panneau pour se cacher derrière. Kyaw-Min nous explique que par respect pour les habitants il faut donc se doucher avec des vêtements. Malheureusement, nous n’avons pas prévu de Sarong. Qu’à cela ne tienne, on profitera donc de la douche pour faire la lessive des affaires de la journée : la pudeur est sauve !
On apprécie beaucoup de se rafraîchir car la journée à été très chaude. Et on fait bien d’en profiter ici, car apparemment le village dans lequel nous dormirons le lendemain n’a pas d’eau courante. Une fois douchés, nous passons un moment sur la terrasse de la maison où les femmes et les enfants de la famille nous rejoignent. On essaye d’échanger comme on peut, et on commence à bien rigoler quand Alexis sort notre petit guide « Gépalémo » (un livre avec des dessins pour permettre de demander tout un tas d’infos pratiques sans connaître la langue). Les enfants et les femmes nous indiquent le nom en birman, on leur donne celui en anglais et en français. Les enfants rient ouvertement de notre prononciation ! Pendant ce temps, les 2 américains vont se réfugier dans la pièce mise à notre disposition et commencent à jouer aux cartes tous les 2 dans leur coin : ça pose les personnages… La cohabitation avec eux s’est très bien passé, sans aucune difficulté, mais on ne s’est pas sentis sur la même longueur d’onde.
Notre guide nous propose ensuite d’aller voir les festivités. Nous nous rendons sur l’esplanade d’où partent les fusées. Le jour décline et nous verrons donc partir la dernière fusée. Il n’y a là que des hommes, passablement alcoolisés ! C’est assez marrant parce qu’ils jouent de la musique et essayent vaguement de danser en rythme.
Nous sommes un peu l’attraction, mais c’est très bon enfant. Nous irons alors de l’autre côté du village, où se tiennent de nombreux stand de boisson et de nourriture. On nous propose de goûter l’alcool de riz, ça nous permet de confirmer que ce n’est pas bon. Apparemment, c’est ce que les jeunes boivent car ce n’est pas fort. Mais sur des gamins de 13-14 ans, ça les met quand même dans un triste état !
Nous rentrons ensuite pour dîner. Le cuisinier nous a préparé un repas gargantuesque avec plein de plats, et notamment plein de légumes super bon, parfumés d’épices mais pas pimentés. Je suis aux anges car j’avais vraiment peur qu’on mange du riz frit à tous les repas pendant les 3 jours ! Epuisés nous nous coucherons comme les poules, mais il n’y a de toutes façons pas grand chose d’autre à faire !
Le lendemain, départ à 8h après un super petit-dej (on commence à se dire qu’on aimerait bien que le cuistot continue le voyage avec nous!). Le chemin de cette deuxième journée est intégralement en plein soleil. Rien de bien méchant en dehors de ça. La pause déjeuner est vraiment bienvenue et on a un peu de mal à se remettre en route (notre guide aussi : il vient de s’endormir sur son fauteuil). Heureusement nous arriverons 2h plus tard à une rivière. Si on veut prendre une douche aujourd’hui c’est ici que ça se passe. A la source, c’est l’endroit où les moines et les hommes se baignent. L’eau y est claire. Juste après, on voit des gens qui viennent dans l’eau laver leur moto. Notre guide nous indique alors que le lieu de baignade pour les femmes est un peu plus bas. C’est à dire là où le savon des hommes et la boue des motos (matinée d’un peu d’essence) s’écoule… charmant ! Bon il fait tellement chaud que je me décide quand même à aller voir. Il y a une femme qui se baigne en sarong (mais seins-nus, je trouve ça presque étrange). Je me jette donc à l’eau, ce n’est pas très profond mais la femme m’indiquera un endroit où on peut s’allonger dans l’eau pour se rincer. L’eau est vive et fraîche, c’est tellement agréable que j’en oublie toute considération sur la pollution de l’eau (oui, moi aussi j’ai mis du savon dans la rivière, je l’avoue!). D’ailleurs quand j’en ressors, deux femmes se sont affairées à leur lessive, avec des produits détergents, l’une laissera même filer le sachet de lessive vide dans le courant. Je m’apprêtais à le rattraper lorsque j’ai réalisé que ce n’était pas une maladresse mais plutôt une habitude.
Nous reprendrons la marche pour une dernière heure et demie qui me paraîtra beaucoup plus facile ! Arrivés au village, nous saluons nos hôtes et nous installons dehors pour discuter puis jouer aux cartes. Alicia et moi comptons nos ampoules : aïe ! Le dîner sera de nouveau délicieux et nous serons couchés peu de temps après.
La dernière matinée de marche est également très chaude mais principalement en descente et dans un paysage plus varié, avec pas mal de végétation. C’est une belle balade. Nous arrivons pour le déjeuner proche de l’embarcadère qui nous mènera ensuite à Nyaungswhe, de l’autre côté du lac Inle.
On a vraiment bien aimé cette rando, au cœur de la Birmanie rurale. Et l’arrivée sur le lac, avec ses jardins flottants est un enchantement ! Ca se gâte un peu dans les 30 dernières minutes avec l’arrivée de la pluie. On se dit que ça justifie d’avoir trimbalé nos capes de pluie pendant les 3 jours !
Des news 🙂
En lisant ce reportage , je me suis dit que c’était la première galère que vous aviez eu en 5 mois , et qu’en fin de compte elle n’était pas bien méchante.La Birmanie a l’air aussi belle qu’on puisse se l’imaginer.
J’avoue attendre avec impatience votre compte rendu de Bagan !
Les photos claquent bien ! Et comme le dit Olivier, enfin des news 🙂
Je me demandais quand même si ça allait bien pour vous avec le coup d’état en Thailande, vu que votre dernier billet datait de là.