De Delhi au Taj Mahal

De Delhi au Taj Mahal

09/04/2014:
Nous atterrissons à Delhi. Il fait nuit, nous n’avons pas d’hôtel et seulement une vague idée de l’endroit où nous pourrions en trouver un.
« Pas de panique sur le Titanic » comme ils disaient à Tahiti, on va s’en sortir.
Après avoir trouvé notre chemin jusqu’au centre ville, grâce au métro express. Nous débarquons aux abords de la gare de New Delhi, où nous sommes assaillis par le bruit des klaxons mêlé à celui de la circulation anarchique et les cris des rabatteurs et autres chauffeurs de rickshaws. Nous nous faufilons entre les cyclo-pousses afin de rejoindre un hôtel censé se trouver à proximité, mais il est extrêmement difficile de le faire avec leurs chauffeurs qui tentent de nous vendre leur service tous les mètres ou peu s’en faut. Heureusement j’aperçois le signe de l’hôtel coiffant un immeuble un peu plus loin et nous nous efforçons de nous en rapprocher tels des papillons attirés par une flamme.
Finalement après quelques essais infructueux, nous finissons par nous extraire de la cohue, laissant derrière nous les odeurs prégnantes et répugnantes des rues, et atteignons finalement l’hôtel.
Par chance il leur reste un dortoir de 4 lits, que nous réservons aussitôt pour notre usage exclusif, avant d’aller nous y effondrer tellement nous sommes fatigués.

10/04/2014:
Aujourd’hui, frais et dispo nous nous mettons en quête du bureau des réservations de train pour les touristes. Il s’agit en fait d’un véritable parcours du combattant: il faut rejoindre la gare de New Delhi, la traverser dans son intégralité pour en atteindre l’autre extrémité, trouver l’accès au premier étage, et enfin trouver le bon bureau. Bien sur tout cela serait facile sans les chauffeurs de rickshaws qui vous assaillent en voulant vous emmener quelque part et les autres qui vous fournissent de fausses informations. Bref après une bonne demi-heure nous y sommes et faisons comme les autres touristes présents: on prend notre ticket et on fait la queue tout en remplissant notre formulaire. Nous finirons par repartir avec seulement 2 de nos billets, car en boulet que je suis, j’ai laissé à l’hôtel le papier avec l’itinéraire que nous avions planifié…

De retour à l’hôtel, nous déjeunons rapidement et remettons à plat notre périple indien, afin de ne pas nous planter lors de la commande des prochains billets de train. ça sera donc un Delhi-Agra-Jaipur-Ajmer-Pushkar-Udaipur-Jodhpur-Jasailmer-Delhi.
Un sacré périple en somme. N’étant pas pressé de retourner à la gare, nous décidons d’aller visiter le « Red fort » dans la vieille ville. Cela nous donnera un aperçu du genre d’architecture auquel nous attendre.

Le fort en lui même ne consiste plus qu’en des remparts et quelques bâtiments à l’intérieur de l’enceinte, car les anglais en ont détruit une bonne partie pour remplacer les bâtiments originels par des garnisons sans grand intérêt. La Porte de Lahore est tout de même impressionnante!

Lahore gate au fort rouge de Delhi

Lahore gate au fort rouge de Delhi

Le Chatta chowk (bazaar couvert) sur 2 étages situé juste après la porte de Lahore est superbe et on ne peut s’empêcher de l’imaginer à une époque pas si lointaine, où son faste devait impressionner bien des dignitaires amenés à venir à Delhi pour traiter avec les pouvoirs en place. La suite de la visite se poursuit au sein des jardins où nous passons à proximité du Naubat Khana (palais des musiciens), suivrons le Diwan-i-Am (pavillons des audiences publiques) et le Diwan-i-Khas (pavillons des audiences privées), superbes avec leur colonnades, leurs plafonds en coupole ainsi que les murs en marbres blancs, la mosquée de la perle, malheureusement fermée au public, mais nous apercevrons au travers des treillis le remarquable travail du marbre blanc.

L'entrée de la mosquée de la perle au fort rouge

L’entrée de la mosquée de la perle au fort rouge

Nous quittons ce chouette ensemble architecturale et reprenons la route en direction d’une mosquée non loin de là.
Mosquée que nous n’admirerons que depuis l’extérieure, car il semble qu’il y ai un droit d’entrée caché. Il nous faut débourser 300 roupies pour pénétrer dans l’enceinte avec un appareil photo ou un téléphone portable. Bien sur cette « taxe » ne s’applique qu’aux touristes, car les locaux ne se gênent pas pour rentrer à l’intérieur téléphone au poing.

La fin de la journée sera consacrée à réserver le reste de nos billets de train, ainsi qu’a un petit dîner tranquille sur le toit d’un hôtel situé dans le quartier de Paharganj, soit disant dangereux, mais au final plutôt typique et touristique.

quartier de Paharganj by night

quartier de Paharganj by night

11/04/2014 :
Nous arrivons à Agra et évitons tous les rabatteurs, pour nous diriger vers les transports prépayés. C’est souvent plus cher, mais il n’y a pas de négociation sans fin et on est sûr d’arriver là où l’on veut.
Nous nous faisons déposer dans le quartier de Taj Ganj, non loin de la porte sud du Taj Mahal. Nous prenons congé de notre chauffeur (et de ses nombreuses tentatives pour nous proposer un hébergement) afin de prendre le chemin de notre futur hôtel. Une fois sur place, nous visitons une chambre convenable et je laisse Delphine se charger de la négociation car elle est bien meilleur que moi à ce jeu là, et en plus elle aime ça !
Dès notre installation terminée, nous prenons le chemin de la gare routière pour aller visiter le site de Fatehpur Sikri, car nous sommes vendredi et aujourd’hui le Taj Mahal est fermé.

en route pour Fatehpur Sikri

en route pour Fatehpur Sikri

Le voyage en bus sur les routes indiennes n’est pas désagréable malgré l’état souvent désastreux de la route. Nous traversons des paysages relativement désertiques qui me rappellent ceux de la savane africaine.

La ville de Fatehpur Sikri bourdonne d’activité, à priori c’est jour de marché où quelque chose du même genre. La chaleur à fait son retour et c’est sous un rude soleil que nous cherchons le chemin pour monter jusqu’aux vestiges. En chemin nous sommes « adoptés » par un jeune garçon qui prétend qu’il ne souhaite que pratiquer l’anglais avec nous. Il n’arrête pas de répéter « no money, nothing » mais nous demande de dire qu’il est avec nous à l’approche de « Jama Masjid » la mosquée que nous allons visiter.

Même si nous ne souhaitions pas de guide, l’enfant agira comme tel, nous livrant par ci par là des informations pertinentes sur des éléments architecturaux, attirant notre attention sur des détails qui nous auraient probablement échappé sans lui. L’ensemble est vraiment imposant et majestueux, notamment le tombeaux de marbre blanc, situé au milieu de l’enceinte, d’une richesse incroyable dans ses sculptures extérieures et intérieures. C’est carrément de la dentelle en marbre ou peu s’en faut. Le gamin ne pourra s’empêcher de nous emmener vers le stand à souvenir de son « oncle/cousin » mais nous passerons notre chemin en direction du palace, endroit où il nous saluera et nous laissera enfin seuls car l’entrée est ici payante.

le Tombeau de Marbre blanc de Fatehpur Sikri

le Tombeau de Marbre blanc de Fatehpur Sikri

Un peu avant le guichet des billets, d’autres enfants nous abordent et nous demande de leurs garder nos billets, car selon leurs dires, ils en font des calendriers qu’ils revendent pour une dizaine de roupies. Nous sommes sceptiques et décidons de poursuivre notre visite.

Fatehpur Sikri est un ensemble immense en superficie et entièrement composé de grès rouge constitué d’un Palais, d’une salle au trésor, de pavillons d’audiences privées et publiques, de jardin d’agrément avec bassin, d’un Khwabgah (maison des rêves). Mais il est surtout connu pour les 3 palais qu’Akbar (this is not a trap ^_^ ), le suzerain Moghol de l’époque, fit construire pour chacune de ses 3 épouses favorites: une chrétienne, une hindoue et une musulmane.
Nous flânerons au milieu de tous ces bâtiments plus de deux heures durant, appréciant l’architecture tout en arches, les prouesses des artisans sculpteurs de pierre de l’époque, les mosaïques et les vestiges de peintures sur des plafonds en coupole. L’ensemble est un merveilleux témoignage de la finesse de travail du style indo-musulman.

intérieur du pavillon des audiences privées de Fatehpur Sikri

intérieur du pavillon des audiences privées de Fatehpur Sikri

A la sortie des ruines, nous sommes de nouveau sollicités pour donner nos billets, mais devant l’insistance et le manque flagrant de politesse des individus nous refusons tout net, et continuons notre chemin en direction d’un endroit où déjeuner. Une fois sustentés nous reprenons le chemin de la gare routière où nous retrouvons le jeune garnement qui nous servit de guide lors de la visite de la mosquée. Celui-ci nous demande à son tour nos billets de la visite du palais. Me sentant un peu son débiteur malgré moi, je décide, avec l’accord de Delphine, de lui donner nos billets, mais curieux nous demandons ce qu’il compte réellement en faire ?
Nous apprendrons qu’il les revend effectivement pour se faire quelques roupies, mais pas sous forme de calendrier. Il les revend aux vendeurs de billets officiels qui les revendent à leur tour à des guides de tour opérateurs, leur permettant ainsi de ne pas payer les billets au prix fort tout en se mettant la différence dans la poche.
Pas étonnant que les monuments du pays tombe petit à petit en ruines… c’est moche.

Nous rentrons ensuite à Agra, où nous passeront la soirée tranquillement sur un toit terrasse, profitant du vent frais pour dîner frugalement. Demain il faut se lever tôt pour être les premiers au Taj Mahal !

12/04/2014:
Il est 6h du matin et nous sommes devant l’entrée du Taj Mahal mais nous ne sommes vraisemblablement pas les seuls. Des hordes de touristes s’engouffrent déjà dans les jardins. Sur les bons conseils de Markus, un compagnon de route croisé sur les îles Andaman, nous nous efforçons d’atteindre le mausolée au plus vite, histoire de l’avoir rien que pour nous, avant que les gros groupes soient là.
Nous avons quand même du mal à parcourir les jardins au pas de course, tant la splendeur et la majesté du Taj nous scotchent. Il est magnifique baigné par la lumière du matin, parfaitement symétrique, d’une blancheur immaculée.

Taj Mahal

Taj Mahal

Nous atteignons enfin le sanctuaire du mausolée où reposent les époux. Nous ne sommes que 3 ou 4 personnes à l’intérieur et le silence invite au recueillement. L’atmosphère de l’endroit à quelque chose d’assez magique avec ces jeux d’ombres et de lumière et le vent qui s’engouffre par toutes ses ouvertures produits des sons envoûtants presque comme une complainte. L’endroit vous rendrait presque mystique ou dans une moindre mesure poète.
Nous déambulerons ensuite pendant 2 bonnes heures, admirant le Taj Maha sous toutes ses coutures et depuis tous les coins du jardin. On ne se lasse vraiment pas de son élégance et de sa beauté.

Taj Mahal

Taj Mahal

Taj Mahal

Taj Mahal

Comme il est encore tôt, nous prendrons le temps d’aller au fort d’Agra en marchant. Une petite balade sur des chemins loin de l’agitation touristique, passant à proximité d’un temple où nous observerons des bûchers funéraires, croisant peu de temps après une procession funéraire portant une défunte couverte de fleurs. La promenade n’avait au final rien de magnifique, mais le simple fait de pouvoir marcher ainsi loin de toute agitation lui donna des airs bucoliques.

Nos pas nous mènerons au travers des jardins du fort jusqu’à son entrée majestueuse. Les dimensions du fort sont impressionnantes avec des remparts de 21 mètres de haut. Mais avouons le tout de suite, sa visite bien que fascinante de par ses proportions et sa surface, ne présente pas un intérêt monumental. On y trouve une mosquée privée certes jolie, mais rien de comparable avec le Taj Mahal.

Fort d'Agra

Fort d’Agra

une princesse à la mosquée

une princesse à la mosquée

Personnellement j’aurais adoré visiter les souterrains situé sous le fort, il est censé y en avoir 2 étages, tous reliés aux étages supérieurs par des passages dérobés. Le lieu serait magique pour faire du jeu de rôle grandeur nature, tellement il y a de recoins, de salles, de couloirs et d’escaliers.

le bazar d'Agra

le bazar d’Agra

L’après midi visite du bazar d’Agra, où l’on s’est perdus dans les petites ruelles étroites, sous les regards tantôt curieux, tantôt amusés, parfois presque hostiles des habitants. On passera même à notre grande surprise devant plusieurs étals à ciel ouvert de boucherie contenant manifestement du buffle. Ils n’avaient absolument rien de ragoutant.

Nous prendrons ensuite le chemin du Baby Taj, sur la rive opposée de la rivière, afin d’aller profiter d’un peu d’air et de calme. Le composteur de billets à l’entrée tentera de se faire du beurre sur nos billets en ne les compostant pas, mais Delphine les lui réclamera et il nous les compostera en faisant clairement la gueule. L’état du baby Taj est admirablement bien conservé notamment ces peintures au plafond qui sont magnifiques :

détail d'un plafond du Baby Taj

détail d’un plafond du Baby Taj

Après cette grosse journée éreintante, nous irons nous rouler dans le luxe de l’hôtel Obéroï, un palace 5 étoiles, dans lequel nous profiterons d’une vue sur le Taj Mahal en sirotant un cocktail bien frais. Oui simplement un cocktail parce qu’y dormir n’était pas vraiment dans notre budget. (chambre de 600 à 6000€). Nous irons ensuite dîner sur un toit terrasse beaucoup plus abordable pour nous, mais tout aussi sympa coté charme.

Cocktail Time à l'Oberoï

Cocktail Time à l’Oberoï

Cocktail Time à l'Oberoï

Cocktail Time à l’Oberoï

A oui, un mot sur la cuisine indienne: on se régale tout simplement, c’est tellement bon et varié qu’on ne se lasse pas encore un seul instant!

Demain on prend le train pour Jaipur la ville rose, capitale du Rajasthan.