De Jaïpur à Ajmer

De Jaïpur à Ajmer

13/04/2014 :
Nous prenons le train de bon matin en direction de Jaïpur, mais le train aura une heure de retard. Nous passons le temps en observant le manège des singes dans la gare.
Dans notre wagon couchette nous avons pour compagnons de voyage : 1 australien, 2 américains et 1 indien. Le voyage de 5 heures passera très vite car les conversations vont… bon train !
Marty et Hernan, les 2 américains, nous apprennent qu’ils ont un chauffeur qui vient les chercher à la gare pour les emmener dans un hôtel que nous avions repéré. Nous profitons donc de la voiture pour nous y rendre. Ce sera le début d’une nouvelle amitié !
Leur hôtel étant complet nous en choisissons un autre tout proche, avant de les y retrouver pour déjeuner. On papote, on papote et on en oublierait presque qu’il y a plein de choses à voir ici ! Nous partons donc tous les 4 en fin d’après midi nous balader dans les bazars de Jaïpur. Hernan battra le record de boutiques visitées, pendant que je négocie dur pour m’offrir un nouveau pantalon (j’apprendrais plus tard qu’ici ça s’appelle un pyjama, même si ce n’est pas un vêtement de nuit!).
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Nos pas nous mènent jusqu’à une grosse artère où la circulation est coupée (bonheur!) et vers laquelle la musique nous attire. Il y a une gigantesque parade avec défilé de chars. On se demande s’il s’agit d’une fête religieuse ou d’une célébration suite aux élections.
On voit un éléphant superbement maquillé, des chars tous plus kitsch les uns que les autres, des porteurs de lampes, des musiciens, des vélos derrière chaque char pour transporter le groupe électrogène, des gens qui chantent, qui dansent et qui ont un sourire vraiment communicatif. On a envie de se joindre à la procession et de chanter avec eux (mais ni Alexis ni moi ne souhaitons gâcher la fête avec nos talents de chanteurs!).
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J’échange quelques mots avec un groupe de femmes pour savoir ce qu’est cette fête (Mahavir Jayanti, célébration de la naissance du fondateur du jainisme) et très vite c’est un peu l’attroupement autour de nous : les gens sont curieux de nous voir là parmi eux. Alexis et moi refusons poliment les demandes de nous prendre en photo, pendant qu’Hernan et Marty prennent la pose. On a décidé de faire nos stars et de n’accepter des photos que quand l’échange ne se limite pas à « Hello ! Where you from ? Picture ! Picture ! ». On se sent parfois un peu regardés comme des bêtes curieuses, la photo serait alors une sorte de trophée témoignant de la rencontre avec des êtres étranges… drôle d’impression !
A la nuit tombée, nous tombons sur un très beau monument (nous apprendrons le lendemain qu’il s’agit de la façade du palais des vents) :
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Nous proposons ensuite d’aller dîner au peacock restaurant (parce qu’avec un tel nom ça ne peut qu’être bien!) : la vue sur les toits est superbe et à cette hauteur il y a un peu d’air. On commande plein de plats différents pour pouvoir goûter à tout ! C’est excellent !

 

Le lendemain, Hernan et Marty nous rejoignent dans le jardin de notre hôtel pour le petit-déjeuner. Le lieu est très agréable.

IMG_3565Nous partons ensuite à le recherche du bazar des antiquités, qu’on ne trouvera jamais, puis nous visiterons le city palace qui est tout bonnement superbe ! Mention spéciale pour les portes qui sont de toute beauté.
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Nous déambulons dans les lieux entre le musée des textiles et l’armurerie : chacun y trouve son compte !
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Nous fuyons lorsque les gros groupes de voyages organisés arrivent.
Nous irons nous réfugier dans le petit Ganesh restaurant, à l’un des portes de la vieille ville. Le décor ne paye vraiment pas de mines, mais la nourriture est très bonne.
Hernan et Marty veulent retourner parcourir les bazars, nous préférons visiter la palais des vents qui fermera seulement une heure plus tard. Nous nous donnons donc rendez-vous pour dîner.
Le palais des vents est un bâtiment assez impressionant, dont la facade que nous avons vu la veille au soir ne dévoile qu’une partie. L’intérieur est très ouvragé, plein d’ouvertures et il y a plein de toutes petites fenêtres depuis lesquelles j’adore regarder la rue :
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Nous partons tôt car j’ai laissé mon téléphone cassé en réparation chez Samsung. Ses chances de survie étant de 50% et les chances de récupération des données d’environ 25%, je croise les doigts ! Mais bonne nouvelle en arrivant là bas : les dommages liés au court-circuit ont été réparés, et mes données sauvegardées.

Nous retrouvons Martin et Hernan sur le toit terrasse de leur hôtel pour une soirée bien arrosée (hier la vente d’alcool était interdite, alors ce soir on se rattrape). On est tellement bien qu’on fera presque la fermeture du restaurant ! On a l’impression de discuter avec de vieux amis alors qu’on se connaît depuis 2 jours ! C’est donc aussi la soirée des au-revoir, avec promesse de se retrouver chez les uns ou les autres : à Paris, à New-York ou aux Bahamas !

15/04/2014 :
Nous prenons ce matin un nouveau train, à destination d’Ajmer. Le trajet est court (2 heures) et nous enchaînons donc avec un bus pour nous mener jusqu’à Pushkar.
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Là, nous trouvons une guest-house vraiment chouette à un prix défiant toute concurrence ! On a même un balcon avec une très jolie vue.
Nos 1ères impressions de Pushkar sont nettement moins bonnes : nous voilà dans un repères de néo-baba-cools en quête de spiritualité. Pushkar est donc une ville sainte, uniquement végétarienne, où l’alcool est proscrit et où il est interdit de fumer aux abords du lac dans lequel vont se baigner les pèlerins. Mais c’est aussi la ville où on te propose de te vendre des pétards à tous les coins de rues !
En se promenant on est tout d’abord énormément sollicités par des prétendus brahmanes qui veulent qu’on aille jeter des fleurs dans le lac en signe de respect disent-ils. Difficile de dire non, présenté comme ça. Sauf qu’on s’aperçoit vite que le discours change au grès du vent : il faut ensuite réciter un mantra, s’asseoir homme et femme séparément, et quand je demande au soit-disant brahmane, pourquoi il est assis avec moi dans le coin des femmes alors que de toute évidence, c’est un homme, la réponse est un peu confuse. Bref, tout ce rituel sert surtout à réclamer une donation pour le ghat. Bon, sur nous ça ne prend pas du tout, mais on se dit que sur des personnes un peu naïves, ou même tout simplement sur des personnes un peu supersticieuses ou désireuses de partager la foi hindoue ça peut vraiment marcher: qui refuserait d’apporter le bon oeil sur sa famille?
Un peu saoulés par les rabatteurs des ghats, nous en trouvons un plus tranquille, où nous pouvons observer le manège des fidèles qui font leurs ablutions ou se baignent carrément dans le lac. On voit des femmes se changer (passer du sari de baignade, au sari de promenade), des gamins nager (enfin, façon de parler car on peut effectivement constater que la plupart des indiens ne savent pas nager, c’est donc plus proche de la nage du petit chien, mais ils ont l’air de bien s’amuser quand même), des hommes et des femmes s’arroser la tête dans un ghat, puis reproduire la même chose dans chaque bassin du lac. IMG_3635On fait une jolie promenade autour du lac.  Et on dîne dans un chouette resto avec vue sur les toits de la ville, bien qu’un singe tente de nous empêcher d’arriver jusqu’en haut!
Le lendemain, sera une journée où on traîne, parce qu’on est pas très fan de l’ambiance babos de Pushkar et qu’à part le lac, il n’y a pas grand chose à voir. Nous irons quand même faire une petite visite au temple de brahma, mais je suis un peu choquée par la façon dont les prêtres s’adressent aux fidèles venus déposer leurs offrandes: « Chelo », ce qui veut à peu près dire « bouge, laisse la place » à ceux qui attendaient une bénédiction. C’est un peu l’usine à offrandes…

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Comme on est pas très branchés spiritualité, on se dit que ce n’est pas vraiment un endroit pour nous. Dans les boutiques ici, pas de beaux sari, mais quantité de pantalons sarouels, de petite robes légères et de débardeurs: la cible ici n’est clairement pas indienne!

Le jour suivant nous partons pour Ajmer, une ville majoritairement musulmane dotée d’une mosquée fabuleuse. On s’arrête dans une petite pension familiale dont le gérant nous donnera plein d’infos sur les endroits à visiter.

Nous partons donc tout d’abord visiter un temple à une dizaine de kilomètres dans la montagne. Il est très moderne, mais vraiment superbe:

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Nous irons ensuite voir le temple Jain rouge, intéressant pour la grande fresque/sculpture tout en dorures qui retrace l’histoire du monde selon les jains. Le reste du bâtiment est malheureusement tout tagué et une seule petite partie est accessible aux visiteurs.

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Après une petite balade vers le lac d’Ajmer et ses jardins, nous passons à la chambre déposer sacs et appareils photos car ils sont interdits dans la mosquée. Nous irons donc visiter le Dargah (la mosquée) en fin d’après-midi. Pour y aller nous traversons un immense bazar, vraiment typique. Ca grouille de monde, mais la vie ici semble malgré tout un peu plus calme. C’est très étonnant, ce bâtiment vert et blanc: lorsqu’on pénètre dans la mosquée on a l’impression d’entrée dans une autre ville, une ville dans la ville, avec ses cuisines, plusieurs salles, des petites allées. Il y a énormément de monde et nous sommes visiblement les seuls touristes occidentaux d’Ajmer ce jour là. Nous rencontrons un homme en habit traditionnel (tenue blanche et chapeau blanc), il nous explique, en anglais, puis dans un français excellent, ce qu’est le soufisme. Il insiste également pour nous montrer un peu les lieux et notamment les cuisines. On a d’abord eu une petite appréhension en pensant qu’il devait s’agir d’un guide, mais en fait pas du tout! C’est un homme charmant qui avait envie d’échanger, de nous faire partager ses croyances, de bousculer un peu nos idées reçues (commençant son discours sur le soufisme en expliquant que pour lui tous le hommes sont égaux, quelle que soit leur religion ou leur sexe), et de parler français! On plaisantera un peu sur les loyers parisiens (il a vécu en France) et il nous laissera sa carte (ce qui se fait beaucoup en Inde!). Une sympathique rencontre.

Nous nous dirigeons ensuite vers la mosquée « de deux jours et demi », appelée ainsi car ce serait le temps mis pour la construire. Quand on voit le détail des sculptures et des gravures, c’est très peu probable! Le lieu est magnifique et prend des teintes d’or avec le soleil déclinant.  L’endroit serait très paisible si on avait pas un peu l’impression d’être au zoo (et ce sont nous les animaux!). Mais nous faisons quand même une chouette rencontre, sans pour autant nous faire prendre en photo: Ali, un homme d’une quarantaine d’années qui a très envie de parler! Au départ il nous aborde en parlant football… pas de bol pour lui nous sommes l’un comme l’autres assez ignares en la matière! On discute de la vie, de l’Inde, de la France, de la corruption. C’est un sujet cher à pas mal d’indiens avec qui nous avons pu échanger. On sent vraiment une fierté d’être indien, de cette identité et de cette culture, mais un besoin aussi de justifier d’une certaine image de l’Inde, de s’en détacher et de pointer du doigt les politiciens pourris.

Nous repartons très heureux de cette journée riche en découvertes et en rencontres. Nous dînons à la pension et découvrons les Malai Kofta, des beignets de pomme de terre extrêmement savoureux, parfumés aux épices: un délice!

La nuit est agitée car il y a une véritable tempête de vent dehors, c’est impressionnant: on est surpris de retrouver tout à sa place au matin!

On se dit qu’on aurait du passer 2 jours à Ajmer et un seul à Pushkar, car on s’y est sentis beaucoup mieux. Les deux villes ne sont distinctes que d’une douzaine de kilomètres mais on a vraiment l’impression d’y avoir vu deux mondes différents!

Le 18/03, nous prenons le train en direction d’Udaïpur, dont on dit que c’est la ville la plus romantique d’Inde: nous sommes curieux!