Bornéo: de Miri à Mulu

Bornéo: de Miri à Mulu

C’est en ce 24/06/2014 que nous posons pied sur l’île de Bornéo, que nous abordons par sa partie malaisienne, dans la province de Sarrawah, à Miri. L’arrivée à Miri nous surprend : des hectares de plantations de palmiers (pour l’huile de palme) mais point de forêt primaire. La ville de Miri et son Mall sont très loin de l’image qu’on se faisait de Bornéo. Mais nous avons trouvé une guesthouse très sympa, dont la propriétaire très accueillante, Madame Lee, nous fait nous sentir un peu chez nous. Pas grand chose à faire à Miri (pour ne pas dire rien) mais de toutes façons pour nous ce n’est qu’une étape d’une soirée avant de partir pour Mulu. Et ce fut une très bonne soirée, notamment grâce à la rencontre de Candy que j’avais contactée sur couchsurfing. Elle ne pouvait pas nous héberger ce soir là mais était dispo pour aller prendre un verre en soirée. Nous avons donc bu quelques bières (irlandaises pour mon grand bonheur!) en discutant voyage et vie en Malaisie. C’est après avoir échangé avec Candy que nous avons stoppé nos tentatives de parler quelques mots de malaisien. Nous avions bien constaté que ça n’avait pas grand effet, et Candy nous a confirmé qu’ici, parler le bahasa malaysia ne se fait qu’avec les natifs malaisiens (généralement les musulmans) mais que les communautés indiennes et chinoises, très présentes en Malaisie, parlent bien plus volontiers anglais (ou mandarin, ou hindi). Nous qui étions tous contents de pouvoir réutiliser des mots appris en Indonésie (le malaisien et l’indonésien se ressemblent beaucoup), il nous faudra attendre un peu avant d’essayer de briller par nos maigres connaissances linguistiques !

Dès le lendemain nous nous rendons donc de nouveau à l’aéroport pour prendre notre vol pour Mulu. Les routes ici sont si mauvaises que l’avion est vraiment le moyen de transport le plus pratique, tout en restant relativement économique : de 20 à 35 euros par vol, soit environ 2 fois plus cher que le bus, mais vraiment 10 fois plus rapide !

arrivée à Mulu, vue d'avion

arrivée à Mulu, vue d’avion

L’arrivée en avion au dessus de Mulu est tout simplement magique : les plantations de palme laissent enfin la place à de la forêt tropicale et à de belles montagnes et des aplombs rocheux, avec des rivières sinuant au milieu de tout ça. Voilà ce qu’on est venus chercher ici !
A l’aéroport, on ne voit pas trace de la voiture qui est supposée nous emmener à notre homestay. Bon, soit, nous allons marcher. La bonne nouvelle c’est que c’est vraiment à 5 minutes à pieds. C’est bien la première fois qu’on peut partir de l’aéroport à pieds ! Et la chambre d’hôte n’est qu’à 5 minutes à pieds de plus de l’entrée du parc national de Mulu : ça donne une idée des dimensions ! La contrepartie c’est que Mulu n’est ravitaillé que par les avions qui y arrivent quotidiennement : les prix s’en ressentent, et la disponibilité des bouteilles d’eau aussi (mais il reste toujours la solution de consommer de l’eau bouilli).

L’après-midi nous partons donc confirmer nos excursions au parc : malheureusement la marche sur des ponts suspendus dans la canopée ne sera pas possible car une tempête en a détruit une partie. En attendant la promenade de nuit, nous nous lançons donc dans une petite boucle appelée « boucle botanique ». C’est une marche dans la forêt tropicale avec de nombreux panneaux qui donnent des infos sur les différents types de plantes qu’on peut y trouver, ainsi que sur les pollinisateurs. C’est passionnant ! À tel point qu’on y passera près de 3 heures au lieu des 2 heures annoncées par la direction du parc. Nous avons donc juste le temps de retourner à notre chambre d’hôtes pour dîner avant de repartir vers le parc pour la balade nocturne. Là aussi, une sympathique petite marche en forêt, avec un guide qui nous fera découvrir tout un tas d’insectes. J’ai bien soigné ma phobie et même trouvé ce que je n’hésite pas à qualifier d’insecte le plus mignon du monde: le « lantern-bug »:

l'insecte le plus mignon du monde: lantern bug!

l’insecte le plus mignon du monde: lantern bug!


Évidemment, on y a surtout vu des trucs pas mignons du tout, mais néanmoins intéressants, ainsi que des chauves-souris et des oiseaux endormis :
c'est presque beau d'une certaine façon

c’est presque beau d’une certaine façon


Le lendemain, nous mettons les gros sacs au placard et partons avec les petits, remplis de provisions pour les 3 jours qui nous attendent. Nous avons choisi de faire la marche pour aller voir les « Pinacles » : des formations rocheuses en « limestone » qui, du fait de l’érosion, font un paysage de piques vraiment spectaculaires qui émergent de la rainforest. Avec les caves c’est un peu l’attraction principale de Mulu, mais aussi la plus difficile. Pour y aller, nous prenons d’abord un bateau. Le début jusqu’au caves « clearwater » est très cool, on fait même une petite pause baignade à l’arrivée d’une rivière souterraine qui parcoure près de 300km dans le réseau de grottes situé sous le parc.
baignade devant les clearwater caves

baignade devant les clearwater caves


Ensuite ça se corse un tout petit peu car le niveau de l’eau est bas et il faudra à de nombreuses reprises pousser le bateau, en marchant sur des galets bien glissants. S’en suit une petite marche de 2 heures dans la forêt tropicale, soit 9km.
Sur la route du camp 5

Sur la route du camp 5

il faut pousser le bateau!

il faut pousser le bateau!


Jusqu’ici tout va bien. Nous découvrons le camp où nous passerons la nuit avant l’ascension. C’est simple, mais bien mieux qu’on ne l’imaginait, avec une super cuisine très bien équipée. Malheureusement, nous avions prévu des choses légères et faciles à cuisiner : nous mangerons donc nos soupes de nouilles instantanées en nous délectant du fumet des plats des autres marcheurs qui, eux, ont amené de quoi se faire vraiment du bon manger ! Nous dormons sous notre moustiquaire, sur des matelas de mousse recouverts de plastique. Pas top, mais on a vu pire !
le Camp 5

le Camp 5


Levés à 5h30, car il faut commencer à marcher à 6h30. Nous partons à l’heure. On a tous un peu la pression car, hier soir lors du briefing, notre guide à beaucoup insisté sur le fait qu’il fallait atteindre un point appelé les « mini pinacles » en moins d’une heure. Sans quoi cela veut dire que nous ne sommes pas assez en forme pour faire l’aller-retour au sommet avant la tombée de la nuit et nous serions donc obligés de renoncer. Par chance, notre petit groupe de 5 arrivera au dit-lieu, au complet, en un peu moins de 45 minutes. Nous poursuivons donc notre ascension. Nous parcourons seulement 2,4 km, mais avec un dénivelé positif de 1200 mètres, soit une pente à 45°, quasiment en continu. Les derniers 400 mètres sont les plus durs, avec des échelles et des cordes sur lesquelles il faut se hisser. Toute la montée se fait sous la canopée : il n’y a donc aucun point de vue avant d’arriver au sommet. Mais une fois là haut : waou !
au sommet: les pinacles

au sommet: les pinacles

au sommet: les pinacles

au sommet: les pinacles


Nous arrivons au sommet vers 9h30 : montée en 3h ,c’est pas mal ! Pas de bol j’ai pris la dernière « marche » un peu fort et mon genou se fait violemment sentir. Mais il faudra faire avec ! Nous faisons une pause pique-nique d’environ 1h30, avec un groupe de 5 malaisiens qui enchaînent les photos ! Cette pause au soleil, avec vue sur les pinacles : on ne s’en lasse pas. Seulement il va bien falloir redescendre !
les mascottes  ont réussi la montée!

les mascottes ont réussi la montée!


La montée ne m’a pas paru si dure, mais la descente me semble vraiment horrible : il faut descendre de dos et en rappel dès qu’il y a des cordes, et quand il n’y en a pas c’est vraiment dur pour les genoux. A la moitié l’enthousiasme qui m’a permis de monter m’a complètement quittée : j’ai vu, descendre ne me motive pas du tout, et j’ai mal, et j’en ai marre, et je me dis que non, je n’y arriverai pas ! On fait donc une petite pause, on se goinfre de dates et de noix de cajou (oui, parce qu’en plus des nouilles instantanées on a bien prévu quelques snacks, mais clairement pas assez, ou alors assez pour le physique mais pas pour le moral!), et ça repart !
Finalement la descente nous aura pris 3 heures, c’est à dire autant que la montée, mais ça m’a semblé une éternité ! En arrivant de nouveau au camp de base, on court se jeter dans la rivière tout habillés ! On a bien chaud, et surtout on a bien transpiré, et comme c’est la période de floraison de je ne sais plus trop quelle fleur, il y a plein d’abeilles, et elles sont justement attirées par le sel de la sueur. Il faut donc vite se rincer, et laver nos vêtements pour éviter d’être assaillis. Du coup, on se la joue à la locale et on improvise une petite séance de lessive dans la rivière, avant de profiter des bienfaits du « spa » avec le jet d’eau massant :
le spa!

le spa!

la piscine du camp 5

la piscine du camp 5


En observant le linge qui sèche sur les cordes à linge du camp, on peut très facilement savoir qui a bien lavé et qui, non : le nombre d’abeilles sur les vêtements est très révélateur ! La palme va à un T-shirt orange qui ressemble à une ruche !
Notre deuxième soirée soupe de nouille nous rend vraiment très jaloux des petits plats qui mitonnent : même un riz sauté me ferait plus plaisir ou même un …riz au lait à la vanille, c’est dire ! Nous nous couchons fort tôt , comme tous ceux qui ont fait la grimpette aujourd’hui. On dormira bien mieux que la veille car nous sommes épuisés.
Dès le lendemain matin, les courbatures se font sentir. Et il faut refaire la petite marche de 9km et repousser le bateau.
dans la jungle

dans la jungle


De retour aux bureaux du parc, nous avons également réservé pour une « cave adventure », c’est à dire une initiation à la spéléo. Nous avions alors bien insisté sur l’aspect « aventure » qui inclut de ramper dans des passages étroits, à l’inverse des « show caves » où l’on se contente de marcher sur des plateformes aménagées, sans avoir à se baisser. Mais quelle idée avons nous eu là ! Sachant que je couine dès qu’il faut descendre 3 marches, ça s’annonce folklo. Alexis gère ça de façon plus digne, mais je sais qu’il a mal aussi !
Finalement, le début s’avérera un peu dur car les muscles sont froids, mais près le premier tunnel, nous sommes à fond !
cave adventure

cave adventure


Quand arrivera le vrai passage « difficile »  (un tunnel tellement étroit et bas qu’il faut l’attaquer sur le dos en faisant des reptations sur les épaules pour avancer), on s’y lancera avec enthousiasme. Nous en ressortirons couverts de boue mais contents de nous !
cave adventure: pause après le 1er tunnel = pas encore trop boueux

cave adventure: pause après le 1er tunnel = pas encore trop boueux


Nous arriverons à notre chambre d’hôte dans cet état. Notre hôte nous indiquera donc où se trouve la rivière pour nous permettre de faire une lessive. Le soir, après le dîner, nous discuterons un petit moment avec Robert, le mari de notre hôte. Il nous raconte l’envers du décor du parc, qui est géré par la société d’un des ministres malaisiens, bénéficie de subventions et ne réinvestit pas ses bénéfices dans le parc ; ainsi que la longue bataille juridique au cours de laquelle lui et d’autres habitants se sont opposés à l’ouverture d’un gros resort qui les aurait dépossédés de leurs maisons.

Le lendemain matin, nous prenons un peu de repos et traînons à la chambre d’hôte avant d’aller prendre notre avion. Robert nous emmènera en voiture, ce qui est très bienvenu compte tenu de nos difficultés à marcher. Mais en arrivant à l’aéroport, alors que Robert vient de repartir, je me rends compte que je n’ai pas récupéré mon sac en tissu qui séchait sur une corde à linge. Je me tape donc l’aller-retour, de ma démarche de robot, mais j’arrive tout de même largement à temps pour l’avion.

Quelques 30 minutes plus tard nous arrivons à Kota Kinabalu !