Du Cambodge au Laos: les 4000 îles

Du Cambodge au Laos: les 4000 îles

04/06/2014 :
Nous arrivons à Kratie en milieu d’après-midi. Nous marchons en plein cagnard à la recherche de notre guesthouse, qui demeure introuvable. Après plusieurs aller-retour nous finissons par trouver une personne capable de nous renseigner et arriver à bon port. Le Tonlé guesthouse est en fait le centre d’application d’une école hôtelière fondée par une ONG franco-suisse. Il n’y a que 4 chambres, et nous sommes les seuls clients. Après un rafraîchissement (choix limité car il y a une coupure électrique : oubliez donc les bons jus de fruits mixés!), nous partons voir le « centre-ville » qui est essentiellement composé du marché. Les échoppes sont en train de fermer. Sur la route on passe par une rue qui est entièrement occupée par ce qui semble être la préparation d’une fête de mariage.

un mariage bloque la rue!

un mariage bloque la rue!


Nous passons la soirée, tranquille au Tonlé. Enfin presque tranquille, car un des étudiants du Tonlé fête son anniversaire ! C’est là qu’on observe qu’ici ils mettent des glaçons dans leur bière !

Le lendemain matin nous partons à moto pour visiter le village de Sambor, à 30 km au nord, en longeant le Mekong. La route est très belle, parsemée de maisons sur pilotis, de petits hameaux, de gamins qui nous saluent sur le bord des routes.

Village de Sambor

Village de Sambor


Voir autant d’enfants qui se précipitent pour nous dire bonjour me donne l’impression d’être une princesse en visite officielle ! On est également toujours surpris par le chargement des motos que l’on croise, par exemple le vendeur de gâteaux avec sa vitrine en verre :
moto-patisserie

moto-patisserie


Village de Sambor: la pause dans le temple

Village de Sambor: la pause dans le temple


temple à Sambor

temple à Sambor


Nous redescendons ensuite le long du Mékong pour atteindre le point de départ des bateaux qui permettent d’aller observer les dauphins de l’irrawady. Il s’agit de dauphins d’eau douce, au nez arrondi. Ils sont une dizaine à vivre là. Nous les voyons d’un côté et de l’autre du bateau, émerger subrepticement de l’eau pour respirer et mieux replonger. Au début nous sommes vraiment seuls avec eux au milieu du Mékong. Un moment très beau, un calme absolu, uniquement perturbé par le bruit d’un dauphin venant cracher de l’eau à la surface. Nous serons ensuite rejoints par 2 autres bateaux. Alexis profitera que le bateau soit « amarré » au milieu de l’eau pour aller faire trempette près d’une île végétale où il y a peu de fond et pas trop de courant.
sur le Mekong, à la rencontre des dauphins

sur le Mekong, à la rencontre des dauphins


dauphins de l'irrawady

dauphins de l’irrawady


Nous ferons la route du retour sur fond de soleil couchant, en nous arrêtant voir le temple au sommet de la montagne Sambok (pas très haut, mais quand même quelques marches)
Sambok Mountain

Sambok Mountain

Le jour suivant, nous partons en minibus à 7h, en direction du Laos. Nous avons acheté un billet qui inclus le minibus jusqu’à Stung Tren, puis un gros bus qui doit nous faire passer la frontière et nous déposer à Ban Nakassang, où un bateau doit nous conduire jusqu’à l’île de Don Khone. Beaucoup de changement de transports et donc beaucoup d’incertitudes ! Je ne le sentais pas ce trajet, et j’avais raison !
Ceci nous amène donc au récit d’une galère de bus ordinaire, épisode 3 : le retour de l’ultime vengeance ! (enfin, ultime, on espère!)
Le minibus nous a lâchés à Stung Tren, un peu au milieu de nulle part, en nous annonçant que le gros bus passerait là. On demande donc dans combien de temps, et il nous annonce que ce sera à 11h, soit plus d’une heure d’attente. Bon pas top, mais rien de dramatique. Sauf qu’à midi, toujours pas de bus ! Entre temps, deux autres touristes nous ont rejoint. Nous sommes donc 4 dans cette galère. Un chauffeur de Tuk-tuk qui vient de s’installer dans le petit restaurant de bord de route où nous attendons semble s’amuser de notre discussion. J’en déduis donc qu’il parle anglais alors je l’interpelle. Il semble beaucoup rire de notre malheur et nous annonce que ça arrive tous les jours ici, et qu’il y aura peut-être un bus à 14h ou à 16h, ou peut-être pas de bus du tout ! Aaaah, là on ne rigole plus du tout nous ! Le problème c’est qu’on ne sait pas dans quelle mesure on peut se fier à ce qu’il nous dit puisqu’il nous propose de nous emmener à la frontière avec son tuk-tuk, moyennant finances bien sûr. Ca commence à ressembler à une belle arnaque on ne peut plus rodée car nous n’arrivons à joindre aucune des 2 agences auxquelles nous avons acheté nos billets. On demandera à la femme qui tient le restaurant si elle peut nous prêter un téléphone local. Elle nous dit d’abord que non car elle n’a pas de crédit, puis elle arrive avec un téléphone sorti d’on ne sait où qu’elle tend à Liv, la danoise qui nous accompagne. Au bout du fil, un homme parlant un bon anglais lui indique que le bus sera là dans 1h30, mais ne semble pas pouvoir l’affirmer. Sauf qu’on ne sait pas à qui on a parlé et quelle est la légitimité de cette info. Finalement, Alexis décide d’essayer de trouver l’office du tourisme (on a aperçu dans le guide de nos voisins de minibus québécois qu’il y en avait un ici) Allan, notre compagnon de galère malaisien l’accompagne. Liv et moi, on garde les sacs et on guette le bus, sans trop d’espoir.
Quelques minutes plus tard, les garçons reviennent avec un début de bonne nouvelle. L’employé de l’office de tourisme s’est montré très compréhensif et soucieux de nous aider. Il a tenté d’appeler les agences de voyage, mais également sans succès. Il nous propose d’attendre jusqu’à 14h, et en l’absence de bus, ou si il y a un bus mais qui nous demande de payer un nouveau billet, de revenir vers lui pour déposer une plainte et permettre au département du tourisme de mener une action contre cette arnaque. Un peu avant 14h, il passera même nous voir à notre QG (le restaurant du bord de route). Il a obtenu le nom du tour opérateur qui s’occupe de ce trajet, il s’appelle monsieur Cheet : ça ne s’invente pas ! Ca aura le mérite de nous faire beaucoup rire (ça fait plus de 4h qu’on attend, sans savoir si on pourra ou non passer la frontière aujourd’hui). Je me dis que si ça ne supposait pas de refaire 2h30 de minibus sur une piste cabossée assise à 4 sur des rangées de 3 (c’est à dire, dans mon cas, le cul entre 2 fauteuils), je retournerai bien à Kratie encastrer la nana de l’agence qui nous a mis dans ce merdier !
Finalement, grâce à l’employé de l’office de tourisme nous prendrons le bus de 16h, après 6h d’attente mouvementées. Nous n’aurons rien à repayer pour le bus. Mais arrivés à Ban Nakassang, le bus nous lâche, avec une vingtaine d’autres voyageurs, au bord de la route, à 3km du débarcadère ! Il est 17h30. Il y a bien un minibus mais il est rempli par un groupe en voyage organisé. Nous restons donc à 9 sur le bord de la route, attendant l’autre minibus qui est censé arriver.

attente à Ban Nakassang, sur le bord de la route

attente à Ban Nakassang, sur le bord de la route


Au bout d’une heure, voyant la nuit tomber nous décidons de nous mettre en route à pieds. Finalement nous arriverons à interpeller un pick-up qui acceptera de faire le détour pour nous emmener moyennant un dollar chacun. Nous prenons donc place sur les bancs en bois à l’arrière, en compagnie de… 2 chèvres , qui hurlent à la mort à chaque cahot de la route !
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Arrivés au débarcadère, c’est encore une longue discussion pour ne pas avoir à repayer le ticket. Grâce à l’honnêteté des personnes de la compagnie de bus Sorya, qui nous a dépannés (un peu contraints par l’office de tourisme, certes, mais tout de même!), nous pourrons embarquer sans repayer, mais le bateau s’arrête à Don Det, et refusera d’aller à Don Khône à cette heure-ci.
Soit, nous dormirons donc à Don Det ce soir.

Nous trouvons une guesthouse pour la nuit (à ce stade, nous ne sommes pas trop regardants) et dînons en compagnie de 2 australiens rencontrés à Ban Nakassang. On boit une bière, et on se détend enfin !

Le lendemain matin, nous trouvons un bateau pour nous emmener à Don Khône, ce qui nous paraît une bien meilleure option que de marcher jusqu’au pont qui relie les 2 îles à 3 km de là, avec nos 20kg de bagages chacuns.
L’atmosphère en arrivant à Don Khône est très différente et beaucoup plus paisible qu’à Don Det. Ici, pas de boutique vendant des space cake dans la rue, pas de groupe d’anglophone en mode « springbreak » : nous avons semble t-il trouvé un petit coin de paradis. Cette impression se renforcera encore lorsqu’on s’installe au sunset paradise ! L’endroit est tenu par un couple de français : Julie et Jim. La grande terrasse sur le Mékong du restaurant, avec son coin sieste, et les petits bungalows côté jardin nous séduisent.

la terrasse du Sunset Paradise

la terrasse du Sunset Paradise

L’endroit et ses propriétaires sont extrêmement sympathiques. On s’y plaît tellement qu’on passera toute cette première journée à trier des photos, bouquiner et discuter avec les autres voyageurs que nous rencontrons là avant de nous rendre compte que c’est déjà la fin d’après-midi.
Jim et François vont se baigner avec des enfants du village, et nous proposent de les accompagner. Le trip c’est de traverser un bras du mékong à la nage. Le courant étant assez fort, il faut ensuite marcher de l’autre côté suffisamment loin avant de refaire la traversée dans l’autre sens. On se met à l’eau ! Et là François nous annonce que les petits ne veulent plus traverser à cause d’une histoire de crocodile. Il a beau dire que c’est une rumeur, tout d’un coup, je suis moins enthousiaste ! Finalement les petits ont fait une blague et sont déjà en train de nager pour atteindre l’autre rive. Le fond est un peu vaseux et il faut faire attention aux gros troncs d’arbres cachés dans l’eau, mais l’eau est super chaude. On se lance et c’est bien marrant de nager contre le courant puis de se laisser porter par lui. De retour, je reste un peu barboter dans l’eau, en discutant avec Douja (une autre voyageuse très sympa que nous avons rencontré dans l’après-midi), jusqu’à ce que le soleil disparaisse complètement. Un très bon moment !
Le Mekong, vu du sunset paradise

Le Mekong, vu du sunset paradise


Nous passerons la soirée à discuter avec Jean-Sébastien et Elsa, puis avec Douja jusqu’à nous laisser surprendre par l’heure du couvre-feu !

Le lendemain, matinée tranquille, pour rattraper le retard du blog et prendre un petit-déjeuner qui s’éternise. Nous irons déjeuner sur l’île de Don Det, juste en face, en empruntant l’ancien pont de chemin de fer construit par des français au XIXème siècle. Le restaurant possède un petit vivarium, avec des serpents et des lézards. On est impressionnés par le nombre de mues de serpents qui jonchent le sol !
Puis nous partons à vélo jusqu’aux grandes cascades. L’endroit est aménagé avec une plage, mais la baignade est déconseillée à cause du courant. On ira juste se tremper les jambes. Nous passerons le reste de l’après-midi à lézarder dans les petits abris avec des coussins et un hamac en bambou. Les chutes ne sont pas très hautes, mais elles sont nombreuses et avec un débit impressionnant. L’endroit est vraiment agréable, y compris la promenade qui mène à la « plage »
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la plage (grandes cascades)

la plage (grandes cascades)

Nous pensions rester 2 nuits seulement, mais on est tellement bien ici qu’on a décidé d’en ajouter une 3ème !
Le jour suivant, nous prenons cette fois les vélos dès le matin (enfin, à 10h, faut pas pousser quand même) et partons dans l’autre sens, pour faire le tour de l’île. Nous arriverons environ 1h plus tard aux petites cascades, où il y a aussi une petite plage, moins aménagée, mais plus tranquille ! On est surpris par toutes les rampes en bois qu’on voit sur le Mékong et qui font comme un grillage qui laisse passer l’eau mais retient les éventuels déchets qu’elle charrie. Leur hauteur nous renseigne aussi sur le niveau de l’eau après la saison des pluies : beaucoup plus haut qu’actuellement !
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Après une petite pause pataugeage/baignade nous reprenons les vélos pour continuer notre tour de l’île. Arrivés à la pointe sud de l’île, Alexis découvre que sa roue avant est crevée. C’est ballot car nous sommes à environ 3 kilomètres de notre point de départ. On roulera donc alternativement avec son pneu crevé pendant environ 1,5km avant de tomber, vraiment au milieu de nulle part, sur un réparateur. Il confirme la crevaison et peut faire la réparation pour l’équivalent d’un euro (10000 Kip). Par principe, on refuse, car c’est le prix de la location du vélo à la journée. On avance donc un peu et au bout d’environ 500 mètres on se dit qu’avoir des principes c’est bien, mais des fois c’est complètement stupide ! Alors on fait demi-tour pour faire réparer cette fichue roue ! La suite du trajet s’en trouve bien plus agréable !
De retour en milieu d’après-midi, une grosse pluie est arrivée juste après-nous. Nous avons néanmoins décidé de reprendre les vélos pour refaire un petit tour des chemins encore inexplorés de l’île.

l'heure du bain

l’heure du bain

Sauf qu’après la pluie c’est beaucoup moins facile, car il faut pédaler dans la boue. Sur le chemin du temple on voit 2 gamins qui s’en donnent à cœur joie dans la boue d’une rizière. Il font une bataille de boules de boue et ont l’air de bien se marrer. On aurait presque envie de les rejoindre !
bataille de boue dans les rizières

bataille de boue dans les rizières


De retour à notre chez-nous de ces quelques jours, nous passerons un moment à regarder tomber des trombes d’eau, pendant que les enfants jouent dehors
Sunset Paradise: sous la pluie

Sunset Paradise: sous la pluie


C’est un véritable orage qui grondera plus tard dans la soirée. La bonne nouvelle c’est que la température a un peu baissé et que pour dormir c’est bien mieux !

10/06/2014 :
Ce matin, Alexis fait un petit aller-retour en bateau à Ban Nakassang pour aller retirer des sous car comme nous ne pensions rester que 2 jours, nous n’avons pas prévu assez. J’en profite pour prendre un thé et discuter avec Julie, notre hôte. Alexis revient avec quelques friandises achetées au marché (incorrigible, mais je ne dis rien parce que c’est bon!).
A 11h, un bateau vient nous chercher pour nous emmener à Ban Nacassang, on un minivan doit nous transporter jusqu’à Pakse. Malheureusement une fois installés dans le minivan, on nous demande nos tickets et on nous indique que ce n’est pas ce minivan là… ah, ça commence mal ! De plus, comme ça fait 15 minutes que d’autres touristes râlent qu’ils ne veulent pas être assis à 4 par banquettes mais 3 comme le nombre de sièges, on se dit que s’il y avait un autre bus, il est certainement parti depuis longtemps. Bref, on se sent un peu comme les protagonistes d’une pub SPA à l’approche des vacances d’été : laissés sur le bord de la route, car en effet il n’y a plus de bus !
A peine énervés nous décidons de reprendre le bateau pour retourner à Don Khone régler le problème avec la guesthouse qui nous a vendu le billet. Finalement nous comprendrons qu’il y a eu deux problèmes : le bateau était en retard (car le conducteur a fait plein d’arrêts pour le remplir au maximum) et le ticket que nous a donné la guesthouse n’était pas le bon. Ils se sont donc un peu servi de cette excuse pour nous sortir du minivan sans pouvoir nous proposer de prendre le bus, celui-ci étant parti ! Bref, on se fait déposer sur l’ile de Don Det, où se situe l’agence de voyage qui gère ce joyeux bazar histoire de refaire un ticket correct pour le lendemain, et puis on repart en bateau pour notre petit paradis, pour une petite journée de glandouille sous la pluie, et faire un peu retomber la pression.
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Kratie:


4000 îles: