Have you met Tom?

Have you met Tom?

11/07/2014:
Nous continuons notre tour des compagnies aériennes indonésiennes (black-listées) avec un vol Kalstar qui nous emmènera de Banjarmasin à Pangkalan Bun, le point de départ pour nous rendre au parc de Tanjung Puting et aller y observer les orang-outans lors d’un voyage en bateau de 3 jours.
A notre arrivée à l’aéroport de Pangkalan Bun nous sommes accueillis, comme prévu, par M. Bain, qui nous présente Ade, qui doit être notre guide. Lors du trajet en voiture jusqu’àu port de Kumai, nous réalisons qu’Ade ne parle que quelques mots d’anglais (il est en train d’apprendre) et qu’il n’a jamais été guide auparavant (il est aussi en train d’apprendre). A l’arrivée, nous mettons donc les pendules à l’heure avec M. Bain en expliquant que nous attendions un guide expérimenté et parlant anglais (même à des questions très simple, la seule réponse qu’on arrive à obtenir d’Ade est « Yes, yes »). Un coup de fil à Jo (notre guide de Banjarmasin par qui nous avons réservé cette excursion) plus tard, les choses semblent être en voie d’amélioration et M. Bain recherche activement un véritable guide disponible. Notre guide, Robi, arrivera quelques minutes plus tard. Il parle un anglais correct, et a un peu d’expérience. Mais il n’est dispo que jusqu’au matin du dernier jour, puisqu’il doit ensuite partir avec un autre groupe. Nous acceptons car il nous semble que c’est mieux que pas de guide du tout!

Le bateau démarre donc en début d’après-midi, après un très bon déjeuner (au moins on sait que la cuisinière est bien!). Le trajet se passe tranquillement et on découvre notre Klotok. Nous dormirons sur le pont sur un épais matelas, qui sera abrité sous une moustiquaire pour la nuit. Il y a des toilettes et une petite douche, mais la réserve d’eau claire est mince alors il faudra faire rapide. L’intérieur du bateau, très bas de plafond, abrite le moteur, la cuisine et l’équipage qui se compose du capitaine (le jeune Deram), de son assistant (Ade, revenu à ses véritables fonctions) et de la cuisinière (Dede).
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Nous arrivons à Tanjun Harapan, mais il est trop tard pour observer les orang-outans qui viennent profiter des fruits disposés sur la plateforme de nourrissage de ce camp, puisque cela a lieu à 15h et qu’il est déjà 17h. Robi nous indique que ce n’est de toutes façons pas le meilleur camp et que c’est infesté de moustiques. Nous nous contenterons donc de visiter le centre d’informations. C’est ainsi qu’on découvrira que Robi n’a jamais lu les panneaux d’informations, nombreux et riches, du centre. Il prétexte qu’il n’a pas un assez bon anglais pour le lire, mais les panneaux étant également en indonésien, on ne comprend pas bien. Peut-être ne sait-il pas lire, ou bien il n’a juste pas la curiosité. On n’osera pas lui poser la question. Au final, on se rend compte que Robi n’en sait peut-être pas bien plus que nous sur les orang-outans, après notre visite à Sépilok et la lecture des panneaux du centre. Il reste néanmoins intéressant d’écouter ses anecdotes sur sa vie ici, son témoignage sur l’avancée de la déforestation (le village situé sur la rive opposée au parc national de Tanjung Puting regroupe des personnes qui travaillent majoritairement dans les plantations de palme) et sur le manque d’éducation ou de conscience écologique puisque, jeune garçon, il allait dans la forêt tropicale avec ses amis, armés de lance-pierres, pour récupérer les meilleurs fruits et empêcher que ceux-ci ne soient mangés par les orang-outans!

c'est trop meugnon!

c’est trop meugnon!


A la nuit tombée, nous partons voir s’il est possible d’apercevoir des champignons luminescents, on en verra un micro bout, mais rien d’extraordinaire.
Le soir, nous aurons à nouveau un délicieux repas et redécouvrons avec plaisir les « tempe », ces graines de soja en beignets que nous avions adorées à Sulawesi. Sur les bords de la rivière, nous apercevrons quelques nasiques (ces singes endémiques de Bornéo avec leur gros nez) qui sont perchés dans des arbres au dessus de nous alors que nous admirons le balai des lucioles.
un nasique dort dans les branches

un nasique dort dans les branches

Nous sommes en plein milieu de la forêt tropicale et on dirait que les arbres se sont parés de leurs décorations de Noël: c’est superbe! La nuit se passe très bien, bercés par les bruits de la forêt, mais comme nous sommes tous proches du camp, et juste en face du village de Tanjung Harapan, nous entendons aussi, d’un côté le générateur électrique, et de l’autre côté la mosquée ! Bref, on ne se sent pas encore complètement dans la nature.

Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner, le bateau reprend sa route pour aller plus avant dans le parc. Nous faisons un premier arrêt au camp de Pondok Tangui, où de la nourriture est dispensée à 9h. Nous marchons une quinzaine de minutes à travers la forêt et attendons avec d’autres touristes, dans l’espoir de voir arriver quelques orang-outans. Sans grand espoir car nous n’en avons que très peu entendu sur le chemin. On remarque, en revanche que les fourmis sont, elles, fort nombreuses:

des fourmis de feu (beaucoup!)

des fourmis de feu (beaucoup!)

C’est alors que les branches se mettent à bouger, et qu’arrive, non pas en hauteur mais au sol, un énorme mâle ! Jusqu’à maintenant nous n’avions vu que des femelles et des bébés et la différence de gabarit est vraiment frappante. La réaction de la dame sur cette photo est très parlante :
la tête de la dame en dit long sur ce qu'on ressent à ce moment là!

la tête de la dame en dit long sur ce qu’on ressent à ce moment là!


Nous avons lu qu’une femelle orang-outan est en moyenne 4 fois plus forte qu’un humain. Un mâle est, lui, 8 fois plus fort. On n’a donc pas trop envie de se mesurer à lui !
Ce qui est frappant aussi c’est la ressemblance avec nous : chaque orang-outan est différent : forme du visage, couleur des poils et de la peau, et leurs mimiques nous poussent vraiment à l’anthropomorphisme.
Cependant, celui-là, on ne l’inviterait sûrement pas à dîner, parce qu’il a une façon de manger, un peu spéciale :
la classe

la classe


Il machouille d’abord ses bananes (après en avoir mis plusieurs dans sa bouche), ressort sa purée de banane et se la cale dans la main pour finir de la manger plus tard. Du coup, on dirait un enfant qui joue avec sa purée. On s’attendrait presque à se faire arroser, mais non, il a bien l’intention de ne pas en perdre une miette. Lorsque le gros male est rassasié, les femelles ont enfin le droit d’approcher. En voici une avec son petit qui nous attendrira beaucoup et semble adorer le lait. Je me demande un peu pourquoi du lait, légèrement chocolaté fait partie de leur régime alimentaire de « réinssertion », étant donné qu’ils ont peu de chance d’en trouver seuls dans la forêt, mais personne ne m’apportera la réponse. Moralité, ne vous promenez jamais ici avec une brique de Milo à la main !
du lait

du lait

les produits laitiers....

les produits laitiers….


Et quand la gamelle est vide, elle vient la rapporter au ranger pour en réclamer plus.
En dernier lieu c’est le tour des écureuils, qui viennent grappiller les restes !
Sur le chemin du retour, on retombera sur le gros mâle (ils ont tous un nom, je crois que lui c’était Mario), qui a décidé d’occuper le chemin. Le ranger lui versera du lait pour l’écarter des touristes. Le voir faire des pompes sans effort au dessus de la gamelle est vraiment impressionnant : ça c’est du muscle !
des pompes?

des pompes?

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Notre Klotok reprend son chemin en direction du dernier camp, le plus avancé dans le parc : camp Leakey. Dans cette partie la rivière est d’eau douce alors que le bras que nous avons parcouru jusqu’alors est un mélange d’eau salé (venant de l’océan) et d’eau douce. Nous allons donc bientôt pouvoir refaire le plein d’eau pour la douche. Pas question de se baigner en revanche compte tenu de la présence de crocodile :

croco!

croco!


L’eau douce et considérée comme « pure » est noire à cause des tanins qui se déposent dans le fond. C’est le résultat de la décomposition des végétaux qui bordent l’eau, rien de bien méchant. En revanche quand on pense au nombre de bateaux qui passent là, au fait que les toilettes se déversent dans la rivière, et que tous les déchets organiques des klotok sont simplement jetés par dessus bord… on comprend bien qu’il n’est pas question de boire cette eau !

Arrivés a camp Leakey, nous marchons sur les passerelles en direction de la plateforme de nourrissage. A notre grande surprise nous serons suivis par « Tom », le mâle dominant du secteur. Il est bien plus imposant que le mâle vu plus tôt, et le statut de mâle dominant ne se gagne pas juste en se mettant des bananes plein la bouche. Nous tentons donc de conserver une distance raisonnable, mais malgré son air très lent, il avance plutôt vite quand il ne s’arrête pas pour guetter l’arriver du ranger qui doit amener les bananes.

1ère rencontre avec Tom!

1ère rencontre avec Tom!


C’est génial de le voir d’aussi près. Maintenant il y a une femelle et son petit devant nous, et Tom derrière nous. C’est là qu’un autre guide nous indique qu’il ne faut jamais rester entre un mâle et une femelle, on comprendra plus tard pourquoi, lorsque Tom décide de faire valoir ses droits sur la femelle, en l’attrapant par une jambe et en écartant le petit. C’est… sauvage !
La favorite de Tom (Guisa?) et son petit

La favorite de Tom (Guisa?) et son petit

Arrivés à la station de nourrissage, Tom a bien sûr la priorité, et il semble bien décidé à tout manger ! C’est seulement quand il s’en va que les autres ont le droit d’approcher, et là aussi, il y a clairement une hiérarchie, même au sein des femelles : la favorite de Tom passe semble t-il en premier, les autres femelles attendrons. On a été très attendris par la petite dernière, dont le bébé avait très peur des cochons sauvages qui viennent manger les peaux de bananes tombées.

ma préférée!

ma préférée!

face à un cochon sauvage: face contre terre!

face à un cochon sauvage: face contre terre!

on attend son tour (bis)

on attend son tour (bis)

Notre guide, Robi, nous fera ses adieux ici car il doit prendre un speedboat pour rentrer avant la nuit. C’est donc Deram, le jeune capitaine, qui nous accompagnera pour la suite. Il parle très peu anglais, mais connait bien le parc pour y avoir déjà été ranger.

avec Robi

avec Robi


Le soir, nous demandons à faire une marche de nuit (qui n’était pas prévue dans notre « programme ») : pas de problème, Deram nous accompagne. Nous n’y verrons quasiment rien à part la tanière d’une tarentule (avec la vilaine bête cachée au fond) et un crane de cochon sauvage, mais c’est toujours sympa de se promener dans la jungle avec tous ses bruits.
crane de cochon lors de la balade de nuit

crane de cochon lors de la balade de nuit

Nous dinerons sur le bateau, à proximité du camp, avant de partir pour passer la nuit dans un endroit plus calme avec vraiment juste les bruits de la forêt (et un groupe de nasiques) pour compagnons. Une très bonne nuit, malgré le réveil pour bâcher le bateau à cause de la pluie (enfin, Ade et Deram ont bâché le bateau pendant que nous avons vaguement ouvert un œil sous notre moustiquaire).
Au petit matin, les nasiques étaient partis. L’équipage prévoyait de rentrer directement, mais nous avons fait valoir qu’il était prévu de retourner marcher à Camp Leakey et de s’arrêter à Tanjung Harapan à l’heure du « feeding ». Ca a semble t-il compliqué un peu les choses puisqu’il a fallu appeler Monsieur Baïn, mais au final, c’est ce que nous avons fait, sans que notre équipage en perde le sourire.
La petite marche à Camp Leakey nous a permis de voir quelques orang-outans dans les arbres, d’entendre à nouveau des gibbons, et de nous extasier sur la taille des fourmis :

une fourmie!

une fourmi!

gibbon volant!

gibbon volant!


Deram nous a montré plein de plantes, et comment faire une bague avec l’intérieure de la tige d’une fougère :
Et c’était très mignon la façon dont il l’a donnée à Alexis pour que ce soit lui qui me l’offre.
ma bague fougère!

ma bague fougère!


De retour sur le bateau, j’ai essayé d’en faire une à mon tour, pour Alexis, mais je pense que je n’aurais jamais réussi sans l’assistance de Deram :
atelier bagues en fougère

atelier bagues en fougère


Nous déjeunons sur le bateau, pendant que celui-ci navigue vers le 1er camp. A notre arrivée, nous découvrons une horde de groupes de touristes, concentré dans un petit espace, effectivement envahi de moustiques! Nous retrouvons Robi avec son nouveau groupe. Le soleil est très haut et malgré la présence de nombreux orang-outans, nous préférons partir car on ne les voit qu’à contre jour, et la foule est vraiment trop bruyante. On se dit qu’on a eu de beaux moments et de belles images alors on laisse la place aux autres!
On demandera à visiter le village de Tanjung Harapan, de l’autre côté de la rivière, ce qui obligera l’équipage à faire faire un nouveau demi-tour au bateau, mais toujours avec le sourire et « no problem »: c’est super agréable!
Ade retourne le bateau (oui, tout seul!)

Ade retourne le bateau (oui, tout seul!)


Le village est super mignon et extrêmement paisible
village de Tanjung Harapan

village de Tanjung Harapan

de beaux jack fruits

de beaux jack fruits

Il est ensuite temps de prendre le chemin du retour. On apercevra encore quelques nasiques, à mon grand bonheur, dont un mâle. Ce sont les mâles qui ont vraiment de gros nez, ceux des femelles sont de taille plus modeste. C’est vraiment un drôle d’animal! Apparemment c’est leur gros nez qui leur permet de respirer sous l’eau lorsqu’ils nagent: amusant!

Le bras de mer est bordé par une épaisse mangrove. On y trouve notamment des palmiers (qui poussent dans l’eau salée!) qui portent de gros fruits. Quand Deram nous indique que, oui, c’est fruit sont comestibles, il ne nous faut pas plus qu’un échange de regard pour nous comprendre: bien sûr qu’on veut y goûter! C’est Dede, notre cuisinière, qui repère les meilleurs fruits, et c’est Deram qui part à la cueillette, en marchant pieds nus sur les branches coupées:

Deram part à la chasse

Deram part à la chasse

la chasse au fruit de palme!

la chasse au fruit de palme!

On se régale tous!

le retour

le retour

C’est désormais l’heure de se dire au revoir. Nous avons adoré cette balade, les nuits sur le bateau, et le sympathique équipage!

Nous passerons la nuit à Pangkalan Bun dans un hôtel affreux qui sent le moisi et la cigarette, avant d’en changer le lendemain pour un, plus cher, plus loin, mais tellement mieux! Nous voulions prendre un bateau pour une balade sur la rivière à la découverte des long house mais c’est compliqué: tous les guides sont pris, et il n’y pas de bateau disponible non plus. Bref, on abandonne l’idée qui aurait nécessité une meilleure organisation au préalable. Nous irons déjeuner tardivement dans un petit resto à côté de l’hôtel où nous ferons la connaissance du mari de la patronne, Ferry. C’est un fervent partisan de Jokowi (qui vient de remporter les élections!), qui habite à Jakarta et travaille ici dans une mine de silice. Quand on lui demande où est-ce qu’on peut trouver un taxi pour nous emmener à l’aéroport le lendemain, il nous dit qu’il peu nous y emmener, gratuitement. On est un peu surpris, mais on lui indique donc notre heure de départ.
L’après-midi, je décide de tester le salon de beauté qui se trouve en face pour me faire épiler les jambes. Bon, elles ne parlent pas un mot d’anglais, mais ça devrait aller. Je panique un peu en voyant l’espèce de glue jaune fluo qu’elle commence à m’appliquer sur les jambes. Mais le pire est à venir: non seulement ça fait très mal, ça n’enlève presque rien, mais en plus après avoir (mal) fait la moitié d’une jambe, elle s’arrête et tente de m’expliquer que le pot de produit est vide, et que donc c’est fini parce qu’elle n’en a plus! S’en suit une longue discussion/dialogue de sourd pour savoir combien je paye pour ça. Bref: plus jamais!

Le soir nous retournons manger au restaurant de Ferry. Et le lendemain, il sera là au rendez-vous. En chemin, il nous raconte un peu ce qu’il fait, et nous invite à lui rendre visite à Jakarta. A l’arrivée, nous voulions lui donner quelque chose, au moins pour les frais d’essence, mais il sera parti avant qu’on ait le temps de faire quoi que ce soit. Une drôle de rencontre, vraiment sympa.

au revoir Bornéo!

au revoir Bornéo!


Le 15/07, nous embarquons dans l’avion pour quitter Bornéo et nous diriger vers Florès, après une étape d’une nuit à Surabaya.